L’Égarement comme signe d’une communauté. La Génération Perdue d’Aragon, Dos Passos, Fitzgerald et Hemingway
Bruxelles, Éditeur Peter Lang, 2013 (coll. « Comparatisme et société »)
Dans le monde de l’après-guerre, Aragon, Dos Passos, Fitzgerald et Hemingway participent d’un mal-être commun : l’égarement d’une jeune génération, privée de tout repère au sortir du premier conflit mondial. Mais, contrairement à nombre de leurs contemporains, ces quatre auteurs, loin de seulement subir un tel malaise, décident d’en faire un objet et un moteur de leur écriture. Ce geste donnera lieu à la publication de Trois Soldats pour Dos Passos, de Gatsby le Magnifique pour Fitzgerald, du Soleil se lève aussi pour Hemingway, et, plus tardivement, d’ Aurélien pour Aragon. Quatre romans qui accordent une place centrale au personnage de l’ancien combattant, en tant que figuration par excellence du désœuvrement et du déracinement. Quatre romans qui dessinent la constance et la prégnance d’une même expérience. Interroger les formes littéraires et humaines de l’égarement et saisir par là une communauté internationale d’écrivains, ce sont les deux grands défis que relève le présent ouvrage, lequel repart des théories disponibles sur la Génération Perdue, pour redéfinir, sur la base de leurs limites, une telle Génération, en y incluant pour la première fois la référence française, à travers Aragon et, plus brièvement, Henri Thomas.
Écrits à l’ombre du terrorisme. Romans et romanciers face à l’expérience contemporaine de la terreur
Louvain-la-Neuve, Presses universitaires de Louvain, 2019 (coll. « Cordouan »)
Que peut le roman face à la vague actuelle du terrorisme ? Voici la question, tout sauf ingénue, qui sous-tend le présent essai. Celui-ci envisage en effet la fiction comme un outil cognitif qui permet à l'homme d’interroger son expérience, souvent angoissante, de la terreur. À travers des exemples empruntés à l’œuvre d’une série d’écrivains contemporains, tels que Rushdie, Houellebecq ou encore Sansal, il est montré comment le roman amène son lecteur à partager simultanément le point de vue du kamikaze et de sa victime, à explorer aussi bien les causes que les conséquences de l’attentat. Par cette transformation du terrorisme en objet esthétique, la fiction se voit saisie comme la réaffirmation de sa capacité à opposer la beauté et l’ordre au chaos d’un monde éclaté. Elle se fait l’héritière moderne de Schéhérazade, qui à l’aide d’un bon roman repousse sans cesse la mort promise par le sultan devenu intégriste.
Le Roman du posthumain. Parcours dans les littératures anglophones, francophones et hispanophones d’aujourd’hui
Paris, Honoré Champion Éditeur, 2020 (coll. « Bibliothèque de Littérature générale et comparée »)
Depuis quarante ans, la figure du posthumain est reprise par une frange du roman contemporain international. À travers les représentations du clone et du cyborg, de l’être virtuel et de l’intelligence artificielle, cet ouvrage montre que le posthumain participe d’une pensée originale de l’homme et du roman, et se dessine comme un nouveau rapport à soi, au temps et au(x) monde(s). Renouvelant les perspectives anthropologiques du roman de la tradition occidentale, le posthumain est appréhendé comme le signe de l’adaptabilité d’un genre qui, à l’image de son objet, est capable de muter pour répondre du devenir technologique de la société. Les références aux œuvres anglophones, francophones et hispanophones sont enrichies de renvois à Haruki Murakami.